Kinshasa, 31 mars 2025 – Dans une cérémonie empreinte d’émotion et de solennité, le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a lancé les travaux de la table ronde pour l’appropriation du GENOCOST, initiative visant à reconnaître et à réparer le génocide économique qui a ravagé la République démocratique du Congo depuis 1993. Cet événement, tenu au Centre culturel international de Kinshasa, marque une étape majeure dans la quête de justice et de vérité pour un pays qui, malgré son hospitalité légendaire, a longtemps souffert de violences et d’exploitation.
Un Cri du Cœur pour la Justice et la Vérité
Lors de cette cérémonie, la voix de la conscience nationale a retenti à travers les propos passionnés de la Ministre des Droits Humains, Maître Chantal Chambu Mwavita. Elle a ainsi déclaré :
« Aujourd’hui, mon pays, qui a tant servi l’humanité, devient le théâtre du déni de cette même humanité qu’il a si chèrement portée dans son cœur, allant jusqu’à accueillir, sans compter ni se retourner, les réfugiés fuyant la rage de leurs ennemis et la terreur de la mort. Au nom de l’humanité, la République Démocratique du Congo s’est ainsi exposée aux calculs mesquins de ceux qui rêvent d’hégémonie et d’expansionnisme, tentant de nous faire regretter notre légendaire hospitalité. Il est temps de nous demander, après tous ces efforts en faveur de l’humanité, ce que l’humanité, en retour, a réservé à la RDC. »
Elle a poursuivi en affirmant avec force :
« Nous ne voulons pas de charité, nous voulons la justice. Nous ne demandons pas au monde de nous plaindre. Nous demandons la vérité. Et nous appelons chacun ici à choisir son camp. Parce qu’il n’est plus possible d’être neutre. Être neutre aujourd’hui, c’est être complice. C’est être du côté de ceux qui tuent, qui violent, qui pillent et qui démantelent. Je m’adresse aux consciences, à celles des États, à celles des peuples, à celles des journalistes, des intellectuels, des défenseurs des droits humains. S’il vous reste un peu d’humanité, écoutez-nous, agissez. »
Ces mots résonnent comme un appel vibrant à la mobilisation et à la justice pour les victimes de violences économiques et humaines qui ont laissé des cicatrices profondes à travers le pays.
Le GENOCOST : Une appropriation mémorielle pour réparer un passé oublié
Le terme GENOCOST fait référence à un génocide économique, une tragédie peu médiatisée qui aurait causé, selon les estimations, la mort de 10 millions de personnes et le déplacement de 6 millions d’autres, sans compter les 27 millions de personnes vivant dans des conditions critiques et les innombrables fosses communes disséminées à travers le grand Kivu. Ce génocide, perpétré pour des gains économiques, se manifeste par l’exploitation effrénée des ressources naturelles et le pillage des richesses du pays, alimentant ainsi un cycle de violence et d’injustice qui perdure depuis 30 ans.
Au cours de la cérémonie, le Président Tshisekedi a souligné l’importance de cette initiative en déclarant :
« Il est temps que nous, peuple congolais, nous appropriions ce génocide oublié. Nous devons inscrire dans notre mémoire collective l’histoire des exactions perpétrées sur notre sol, pour que jamais plus de telles tragédies ne se reproduisent. »
Accompagné de la Première Dame, Denise Nyakeru, le Chef de l’État a visité l’exposition retraçant les massacres, de Makobola à Mwenga, en passant par Kisangani, Lubero, Bukavu et récemment Kishishe, révélant ainsi l’ampleur des crimes commis dans le cadre de ce génocide économique.
Un engagement pour la vérité et la réparation
Les travaux de la table ronde, co-organisés par le CIA-VAR et le Fonarev, visent à intégrer cette mémoire douloureuse dans les programmes scolaires, universitaires et médiatiques. L’objectif est de favoriser une prise de conscience collective et de promouvoir une culture de la paix. Par ailleurs, le Président Tshisekedi a annoncé la création d’un groupe d’experts chargé d’évaluer rigoureusement les préjudices subis et les pertes humaines liées à ces crimes de masse, afin d’établir des mesures de réparation adaptées et de traduire en justice les responsables.
La cérémonie, à laquelle ont participé de nombreuses personnalités publiques et des représentants de la société civile, s’inscrit dans le cadre d’un effort plus large de la RDC pour affirmer sa souveraineté et lutter contre l’impunité, tout en cherchant à obtenir une reconnaissance internationale de ses luttes.
Un Appel à l’action collective
Dans un climat d’émotion et de détermination, la table ronde pour l’appropriation du GENOCOST a constitué un moment fort, appelant à une action concertée de la part de tous les acteurs – nationaux et internationaux – pour faire respecter la justice et la dignité humaine. Comme l’a souligné Maître Chantal Chambu Mwavita, ce n’est qu’en se rappelant et en reconnaissant les souffrances du passé que le pays pourra construire un avenir pacifique et équitable.